La conservation de la nature n’est pas une science infuse, n’en déplaise aux donneurs de leçons qui estiment avoir toujours raison et qui croient que ceux qui ne pensent pas comme eux ont forcément tort. Les débats d’idées sont à encourager, les pensées dogmatiques au contraire à combattre. Il faut pour cela les dénicher (nous en avons tous), non pas pour se flageller, mais pour prendre de la distance vis-à-vis de notre héritage intellectuel, politique, philosophique ou culturel, qui conditionne notre façon de penser et donc d’agir. Cette rubrique a précisément pour objectif de poser les termes de débats qui sont souvent occultés. Car sont considérées comme des évidences des concepts ou des positionnements qui, en les creusant un peu, ne le sont pas forcément tant que cela. Ou bien, lorsque le débat a lieu, tout se passe souvent comme si une certaine pensée unique essayait d’imposer ses propres conclusions : qui a un avis divergent est ainsi prié de se taire, même si on l’invite à s’exprimer pour donner un semblant de débat démocratique. Quel danger fait-on ainsi courir aux tenants de l’ « ordre écologique » établi ? Poser les termes de tels débats ne signifie en effet pas pour autant que le paradigme dominant en la matière soit mauvais ou erroné (mais comme presque toujours, en revanche et par définition, limité). Prendre du recul sur ses propres croyances ou ses propres formes consécutives d’action n’oblige pas nécessairement à les remettre en cause : cela permet simplement de prendre conscience de ce sur quoi nous nous appuyons, de bousculer certaines de nos certitudes, et à défaut de changer nos stratégies d’action, a minima d’être moins arrogants vis-à-vis de ceux qui ne pensent pas nécessairement comme nous. En leur laissant un espace pour suggérer d’autres stratégies, essayer d’autres approches, s’appuyant sur d’autres visions du monde et des relations nature – société. Et en apportant une bouffée d’air pur à la sinistrose écologique ambiante qui le plus souvent ne fait pas beaucoup avancer le schmilblick…